Sam Reardon : des vacances aux podiums olympiques

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Fin juillet, Sam Reardon regardait la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques depuis sa chambre, dans la maison familiale située au sud de Londres. Spectateur, il observait cet événement depuis l’extérieur. Deux semaines plus tard, Sam Reardon participait à la cérémonie de clôture avec deux médailles olympiques autour de son cou représentant l’une des plus belles histoires de l'année 2024 en sport.

Sam Reardon médaillé de bronze sur les épreuves des relais 4*400 mètres hommes et mixtes
Sam Reardon médaillé de bronze sur les épreuves des relais 4*400 mètres hommes et mixtes (© Team GB)

Un médaillé surprise.

Reardon n’était pas censé être dans la capitale française. Convalescent après une blessure aux ischio-jambiers en début d’année, il n’avait même pas atteint la finale du 400 mètres lors des sélections olympiques britanniques, servant pour la qualification olympique, une déception prévisible puisqu’il ne figurait même pas parmi les dix meilleurs coureurs du pays. Quelques semaines plus tard, pourtant, il réalisait un exploit en battant son record personnel de 1,29 seconde, remportant la course B du 400 m lors du meeting de la Ligue de diamant à Londres avec un chrono de 44.70 secondes. Cette performance l’a instantanément propulsé à la troisième place des classements britanniques de l’année, derrière Charles Dobson et Matthew Hudson-Smith. Cependant, il était déjà trop tard, cette performance était en dehors de la fenêtre de qualification olympique, et l’équipe britannique avait été finalisée sans lui, que ce soit dans l'épreuve individuelle du tour de piste ou en tant que relayeur. Il s’apprêtait donc à suivre les épreuves depuis chez lui. "Désolé, les règles sont les règles", lui avait-on dit.

Puis est venu un retournement inattendu. Charlie Carvell, membre de l’équipe britannique du relais 4x400 m à Paris, s’est blessé et son forfait pour les jeux a été annoncé de suite. Le lendemain de la cérémonie d’ouverture, alors qu’il s’entraînait sur la piste de Bromley, Reardon a reçu la nouvelle improbable : il était appelé en renfort et s'apprétait à vivre ses premiers jeux olympiques à 20 ans. Un jour plus tard, il atterrissait à Paris et son rêve allait pouvoir commencer. Dès le premier week-end des compétitions d’athlétisme, il contribuait à décrocher une médaille de bronze pour l’équipe mixte du 4x400 m avec à la clé un record national. Et lors de la dernière soirée, il ajoutait une autre médaille de bronze avec le relais masculin du 4x400 m grâce à sa participation aux séries, le temps, même s'il n'a pas participé à la finale a constitué un nouveau record d'Europe.

 Des performances complètement inattendues.

« C’était un parcours complètement fou et effréné ", confie le jeune homme de 20 ans, qui ne bénéficiait à l'époque d’aucun financement de British Athletics. " Tout est allé si vite, mais j’ai essayé de tout savourer : courir sous les 45 secondes pour la première fois, aller aux Jeux olympiques, courir, gagner une médaille, puis une deuxième. Je serai à jamais double médaillé olympique. Je pourrais arrêter ma carrière ici et je serais déjà comblé. "

Il avait pourtant déjà des projets bien différents pour ces deux dernières semaines. En l’absence de compétitions internationales pendant les Jeux, Reardon prévoyait une période d’entraînement axée sur l’endurance, pour s'améliorer sur 800 mètres, distance sur laquelle il a fini cinquième aux Championnats du monde U20 en 2022. Il devait faire sa première course lors de la National Athletics League sous les couleurs de son club de Blackheath and Bromley. C'est finalement ce jour-là qu'il a remporté la première de ses deux médailles olympiques. " Je voulais rendre quelque chose à mon club, qui a tant fait pour moi," explique-t-il. " Nous nous battons pour rester en première division de la NAL, et je n’avais pas encore couru pour eux cette année. J’y tenais vraiment, mais ensuite, j’ai reçu cet appel ".

Ces moments sur le podium ont également été marqués par une profonde émotion, surtout le second, après qu’il n’ait pas pu participer à la finale du relais masculin en raison d’une légère douleur à la hanche, ayant couru lors des séries. Lors de ces deux cérémonies, il portait dans sa poche une photo de sa mère, Marilyn, décédée en 2019 d’une tumeur au cerveau. Marilyn, diagnostiquée en 2018, rêvait de voir son fils concourir sur la plus grande scène sportive. « En regardant les Jeux de Londres 2012, j’avais dit que je voulais devenir olympien, " se souvient Reardon. " Elle n’a jamais douté que j’y arriverais ". " Je me souviens d’elle sautant de joie lors du "Super Saturday" (six médailles d'or gagnées par l'équipe en une journée dont trois en 45 minutes), encourageant les Britanniques. Elle était une supportrice bruyante, toujours la plus forte lorsqu’elle venait à mes compétitions ".

" Elle disait toujours que c’était son rêve aussi de me voir sur la scène olympique, et que sa vie serait complète si elle pouvait me voir sur la plus haute marche du podium, chantant l’hymne national. C’est mon objectif ultime – me tenir là un jour et chanter pour elle. Mais on avance dans la bonne direction. Je peux identifier le moment précis où ma vie a commencé à changer. Une seule course peut transformer une carrière. Mais jamais je n’aurais imaginé tout ce qui en découlerait ".

 

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